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 Hommage de Claude Alphandéry à Raymond Aubrac

  • webalice
  • Mercredi 25/04/2012
  • 08:10
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J'avais dit que j'écrirai réguliérement sur ce blog, je n'ai pas le temps, je manque d'inspiration...alors je fais circuler les textes d'autres comme ceux de Laura qui voyage avec les indignati à Athénes, ou celle de  de Claude Alphandéry en Hommage à Raymond Aubrac

à la prochaine

Je ne l’ai rencontré qu’à la Libération alors qu’il était Commissaire de la République à Marseille pour la région de Provence Côte-d’Azur et que j’étais un très jeune et plus modeste Président du Comité de libération de la Drôme.

Sur ces deux territoires, à des niveaux différents se posaient de sérieux problèmes dans des usines abandonnées par leurs dirigeants emprisonnés ou en fuite pour faits de collaboration.

Faute de directive, un vide risquait de se créer paralysant l’activité et l’emploi de milliers de salariés et à Marseille particulièrement le trafic portuaire. Raymond avait réagi rapidement en transférant l’autorité à des conseils de gestion réunissant cadres, employés, ouvriers désignés par leurs pairs. Cette expérience d’auto gestion fondée sur la capacité des femmes et des hommes à se prendre en charge, à élever leur capacité professionnelle, à trouver des formes démocratiques de gouvernance, si on leur fait confiance et si on leur en donne les moyens, me paraissait enthousiasmante ; je souhaitais l’adapter à certaines entreprises de la Drôme et suis allé à Marseille pour en savoir plus. Ce fut l’occasion d’une longue rencontre avec Raymond où nous essayions de projeter dans l’avenir ce qu’étaient les espoirs et les valeurs de la Résistance.

Nombreux ont été depuis deux tiers de siècle les entretiens où nous avions évoqué cet héritage et tout dernièrement, l’abandon de leurs usines par leurs dirigeants pour des raisons certes différentes de celles de la libération mais tout aussi pernicieuses pour leurs salariés et l’émergence de nombreuses sociétés coopératives ouvrières (SCOP) nous paraissaient devoir être soutenues au nom même des valeurs de la Résistance, c’est-à-dire de la foi en la capacité des salariés de se prendre en charge, de coopérer et de se gouverner démocratiquement.

Nous nous sommes réunis, une dernière fois pour Raymond, avec Stéphane Hessel et Michel Dinet pour le faire dans un article du Monde du 31 Mars.

Ce fut enfin l’occasion d’un ultime coup de téléphone il y a quelques jours où Raymond me disait avec force son inquiétude devant les coups de canif au programme du CNR et sa volonté de le préserver.

Claude Alphandéry