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 La culture cherche sa voie dans l’ESS

  • webalice
  • Vendredi 04/01/2013
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 25/06/2012 Si la culture a toujours été proche de l’ESS via l’utilisation du statut associatif, l’économie de la culture s’est plus souvent rapprochée des politiques de financement public que d’une vision ESS de la production et de la diffusion artistique. La raréfaction des fonds publics et la volonté de certains de quitter le rôle de supplétif des politiques de l’Etat ouvrent le débat sur le rôle des collectivités locales et leurs modalités d’action en faveur des filières culturelles et de ce que l’on nomme aujourd’hui les "industries créatives".

" Le secteur culturel a mis du temps à se dégager d’une vision de l’économie solidaire qui se résumait à l’insertion et à l’action social", se souvient Luc de Larminat, directeur d’Opale et délégué général du Centre national d’appui et de ressources pour la filière culturelle (Cnar Culture). L’esprit de coopération n’a pourtant jamais été absent de la création artistique avec "une cinquantaine de Scop culturelles qui sont devenues des institutions, des Maison de la danse ou encore des Scènes nationales", précise-t-il.
Aujourd’hui encore, les valeurs de coopération et de projet collectif déterminent nombre de structures, compagnies artistiques, lieux de diffusion. C’est ce que manifestaient les résultats d’un questionnaire réalisé en 2007 par l’association Opale auprès de 260 structures. "Le questionnaire exprimait la volonté d’un travail plus collectif, avec les citoyens, d’un autre rapport à la sphère marchande et aux collectivités", résume le directeur d’Opale.

La culture sur les territoires

En matière de politiques territoriales, la culture est une compétence qui s’exerce à tous les niveaux de décentralisation avec la préoccupation majeure de proposer aux habitants une offre culturelle satisfaisante. Un premier rapprochement entre ESS et culture se fait dans le cadre des politiques d’action culturelles où l’implication du public est requise dans un esprit d’éducation populaire. La Région Haute-Normandie soutient particulièrement cet axe avec "CAP !" pour Coopération artistique et pédagogique qui est un appel à projet annuel.
Plus récemment, des collectivités ont souhaité s’attaquer à l’économie de la culture, c’est-à-dire à l’appréhension de la création, qu’elle soit musicale, théâtrale ou encore cinématographique en tant que filière d’activité avec ses emplois, ses débouchés, mais aussi sa spécificité. Vitalité et attractivité d’un territoire, création de lien social, l’impact d’un secteur culturel économiquement dynamique et émancipé (en partie) vis-à-vis des bailleurs publics s’affirment comme les éléments d’une reconsidération des modes d’appui politique à la culture, au-delà de la subvention de l’offre artistique. L’exemple le plus abouti se trouve aujourd’hui en Auvergne dont le Conseil régional met en œuvre depuis trois ans un dispositif d’aides ciblées pour les "associations et entreprises culturelles". C’est au service ESS qu’est revenu la responsabilité d’élaborer des outils sur mesure pour prendre en compte le fait que "la culture n’est pas une marchandise comme les autres", déclare Pascale Semet, Vice-présidente du Conseil régional (cf. l’article "Auvergne : l’ESS modernise l’économie et la culture").

La piste de l’entrepreneuriat collectif

D’autres régions s’emparent de la question en s’intéressant notamment au développement de clusters ou grappes d’entreprise culturelles. A Saint-Etienne, le cluster Culture et coopération a permis le développement de structures et même la reprise en Scic du France, un cinéma Art et Essai.
Sur la Communauté de commune de Redon, les Articulteurs regroupent tout un panel d’artistes et entreprises artistiques qui se sont organisés pour faire vivre la culture devenue un vecteur d’attractivité du territoire.
Les collectivités apprécient aussi les coopératives d’activités et d’emplois (CAE) spécialisées en culture et professions artistiques car elles répondent à un besoin de rapprocher l’artiste de sa propre économie. Les quatre CAE culturelles (Clara à Paris, Artenréel à Strasbourg, Chrysalide dans le Finistère ou encore Artefact à Orléans) représentent plus de 200 artistes qui ont choisi d’être entrepreneur salarié. La CAE Clara à Paris draine les aides tant de la Ville de Paris, que du Conseil général du Val-de-Marne ou de la Région. Dans ce dernier cas, ce sont les aides à l’ESS qui sont mobilisées au titre de l’appui aux coopératives.

Ainsi, le changement d’orientation des politiques se fait sentir sans avoir atteint une pleine évidence dans les collectivités. Il est pourtant certain que la création artistique fait partie des vecteurs de cohésion sociale et de débat démocratique et aura à faire face à une mise à l’épreuve de sa mission d’intérêt général par l’économie. Dans ce cas, l’ESS ne sera jamais loin.

Philippe Chibani-Jacquot

Pour aller plus loin :

Association Opale, Cnar Culture
Luc de Larminat, directeur
45, rue des Cinq Diamants 75013 Paris
01.45.65.20.00
opale@opale.asso.fr
www.opale.asso.fr

L’Avise a publié en juin 2012 trois Repères pour la culture sur le cinéma associatif, les collectifs d’art plastique et visuels et les écoles des arts du cirque.