Mots-clés : Economie sociale et solidaire, etats generaux, labo de l'Esss
Nous, acteurs de l’ESS, proposons de réfléchir collectivement à l’organisation d’Etats Généraux de l’ESS, qui débuteraient à l’automne 2010 et se termineraient à l’été 2011, à moins d’un an des élections présidentielles.
Ce texte présente notre diagnostic, nos motivations et esquisse les premières perspectives soumises au débat. Nous proposons à toutes celles et ceux qui le souhaitent de réagir en nous envoyant un mail à acpes@free.fr ou lelaboess@gmail.com
A l’initiative du Labo de l’ESS, ce texte et ce projet vous sont proposés par :
Claude Alphandéry (Initiateur le Labo ESS/Président d’honneur France Active), Gérard Andreck (Président CEGES), Yannick Barbançon (Président CN-CRES), Christiane Bouchart (Présidente RTES), Jean-Claude Detilleux (Président GNC), Jacques Henrard (Président CPCA), Bruno Lasnier (Président du Mouvement de l'Economie Solidaire ), Alain Philippe (Président Fondation MACIF), Christian Sautter (Président France Active), Hugues Sibille (Président Avise), François Soulage (Président Secours Catholique), Jean-Pierre Worms (Vice – Président FONDA).
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-> Téléchargez la proposition Vers des Etats Généraux de l’ESS – Pour une autre économie en cliquant ici
POUR UNE AUTRE ECONOMIE
Prenons bien la mesure de la gravité de la situation.
Les crises se succèdent, s’emmêlent et s’amplifient. Les périls écologiques frappent d’abord les plus fragiles. La démesure de la finance met à mal l’écosystème planétaire et précarise les salariés. L’abstention monte. Les rentes se renforcent et le travail ne permet plus de vivre décemment. Le domaine de la marchandise s’étend. Le lien social se délite, les inégalités se creusent.
Face à cela, la tentation du repli ou du chacun pour soi, des égoïsmes est forte, et peut conduire à des réactions populistes et violentes, des affrontements nationaux et internationaux, des régimes autoritaires et des reculs de civilisation. Déjà partout en Europe, s’affirment avec force des partis xénophobes et nationalistes.
Pour sortir de la crise par le haut, nous devons, plus que jamais, porter et déployer un esprit de résistance et de création.
RESISTER, C’EST CREER. CREER, C’EST RESISTER.*
Résister et Créer, c’est ce que font au quotidien les salariés, bénévoles, entrepreneurs, consommateurs, élus… de l’économie sociale et solidaire (ESS). Ses 200 000 entreprises et 2 millions de salariés rassemblent une grande diversité d’initiatives économiques, ni publiques, ni capitalistes, qui cherchent à produire, consommer, décider et vivre autrement, de manière plus respectueuse des hommes, de l’environnement et des territoires.
Pourtant, ces initiatives apparaissent fragmentées. Leur offre de services et d’emplois est loin d’être à la mesure des besoins. Et elles ne parviennent pas à incarner un projet de transformation de société. Nous pouvons, devons peser et nous affirmer dans le débat public, influencer les décisions, mobiliser l’opinion, en créant un rapport de force favorable, pour changer d’échelle, changer de cap, de modèle socio-économique.
Pour y parvenir, nous proposons de réfléchir et travailler collectivement à des Etats généraux pour une économie sociale et solidaire, qui mis en œuvre dès l’automne 2010 se tiendraient à l’été 2011.
L’objectif ne serait pas d’organiser un rassemblement sans suite ou de réitérer un travail d’élaboration de propositions déjà mené. Il ne s’agirait pas de prolonger ou de refaire ce qui a déjà été fait, mais de s’appuyer dessus, pour atteindre trois objectifs.
METTRE EN MOUVEMENT, CONVAINCRE L’OPINION, INFLUENCER LES DECISIONS
Mettre en mouvement les acteurs de terrain (dirigeants, salariés, sociétaires, bénévoles…) partout sur les territoires.
Pour changer la donne, il faut mobiliser « ceux qui font » : la vigueur de nos entrepreneurs, la proximité et l’ancrage territorial de nos organisations et réseaux, l’engagement de nos sociétaires et bénévoles, consommateurs, la force de frappe de nos grandes entreprises, la mobilisation des élus locaux sont autant de leviers pour faire mouvement. Développons le sentiment d’appartenance, revendiquons notre fierté à mettre en œuvre une autre économie !
Faire connaître et reconnaître nos valeurs, nos pratiques, nos solutions. Toucher, mobiliser les citoyens, pour leur donner envie d’agir, de s’impliquer dans l’ESS.
Tant que l’ESS ne sera pas populaire, au sens premier du terme, elle ne sera pas prise au sérieux durablement. L’ESS doit montrer au plus grand nombre qu’elle est à la fois une économie utile à leur quotidien et à leur mieux-vivre et une économie à laquelle ils donnent sens par leur consommation, leur épargne, leur travail. Une économie au service des personnes ; des personnes pleinement acteurs de l’économie.
Influencer les décisions, pour créer un environnement favorable au développement de l’ESS, et plus largement d’une économie plus humaine.
Tous les leviers sont à actionner : formation, fiscalité, commande publique, aides publiques, politiques d’innovation et d’aménagement du territoire, régulations européennes et internationales, etc. Pour convaincre, nous devons porter des propositions fortes argumentées, transformatrices, réalisables, en s’appuyant sur les travaux existants. Nous devons aussi développer un langage de la preuve de nos pratiques et rechercher l’exemplarité. Et enfin, rechercher une meilleure articulation entre propositions et politiques publiques territoriales, nationales et européennes.
UNE NOUVELLE GENERATION, UN LANGAGE COMMUN, SORTIR DE L’ENTRE-SOI
Pour atteindre ces trois objectifs, réussir ces Etats Généraux, nous devons nous attacher à:
Faire émerger une nouvelle génération de dirigeants et de représentants de l’ESS.
Une génération issue du terrain et des territoires, des forces organisées et non-organisées. Une génération plus diverse, plus féminine, plus jeune, en phase avec la société : comment prétendre changer une société à laquelle on ne ressemble pas ? De nouveaux visages, de nouveaux porte-paroles sont nécessaires, pour porter et développer l’ESS dans les 15 prochaines années.
Sortir de l’entre-soi et créer de nouvelles alliances, audacieuses et porteuses de sens pour faire émerger maintenant cette économie humaine.
L’ESS est un puissant facteur de renouveau mais n’arrivera pas seule à changer de cap, et ne doit pas rester en vase clos. Pour jouer pleinement son rôle, elle doit nouer de nouvelles alliances avec l’ensemble des acteurs du changement, élus, syndicats, ONG, mouvements sociaux, consommateurs, entrepreneurs responsables, logiciels libres, réseaux sociaux, etc.
Construire un langage commun, sur qui nous sommes et où nous voulons aller.
L’ESS riche de sa diversité, ne parvient pas encore à parler un langage commun, lisible, audible, sur ce qu’elle est et son projet. Un travail de convergence entre ses différentes sensibilités (économie sociale, économie solidaire, entrepreneuriat social) est nécessaire.
CONSTRUISONS ENSEMBLE CES ETATS GENERAUX 2011
Les Etats généraux de l’ESS que nous appelons de nos vœux doivent créer les conditions d’une dynamique innovante, démocratique, inclusive, partant des territoires et de leurs acteurs, et leur permettant de s’approprier pleinement la démarche.
Cherchons donc ensemble les voies positives pour que l’ESS puisse réellement faire mouvement, dans son unité et sa diversité, au service de la société et de son émancipation.
Une rencontre sur les Etats généraux sera organisée en septembre 2010. Nous y débattrons ensemble de la pertinence de ce projet, et s’il est retenu, déterminerons collectivement les objectifs précis, ses modalités de mise en œuvre, sa gouvernance.
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Rejoignez ces premiers initiateurs et envoyez nous un mail sur lelaboess@gmail.com!
* « Résister, c’est créer. Créer c’est résister », reprenons à notre compte l’appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil National de la Résistance, en 2004.